Dans un contexte où les priorités des salariés évoluent, le quiet quitting s’impose comme une nouvelle tendance qui bouleverse le monde du travail. Ce phénomène, qui voit de plus en plus d’employés choisir de faire le strict minimum, met en lumière des enjeux cruciaux pour les entreprises. Selon une étude Gallup, 62 % des salariés dans le monde se disent désengagés en 2023.
Mais qu’est-ce qui pousse réellement ces employés à se désinvestir de leur travail ? Comment ce mouvement influence-t-il les pratiques managériales et organisationnelles ? Et surtout, que peuvent faire les entreprises pour inverser la tendance et “réengager” leurs collaborateurs ?
Au programme :
📍Qu’est-ce que le quiet quitting ?
📍Pourquoi ce phénomène gagne-t-il du terrain ?
📍Comment les entreprises peuvent-elles y répondre efficacement ?
Qu’est-ce que le quiet quitting ?
Le quiet quitting, ou “démission silencieuse”, est un phénomène de plus en plus répandu dans le monde professionnel. Les salariés concernés respectent leurs tâches contractuelles, mais ne fournissent plus d’efforts supplémentaires, ni en termes de productivité, ni d’engagement. Ils se contentent de faire le strict minimum requis.
Quiet quitting : une nouvelle tendance ou un comportement ancien ?
Bien que le terme soit récent, popularisé notamment sur TikTok en 2022, la pratique du quiet quitting n’est pas nouvelle. Les experts du travail estiment qu’il reflète un comportement existant depuis longtemps, notamment chez les employés souffrant d’épuisement professionnel ou de démotivation.
Cependant, la pandémie de Covid-19 et le développement du télétravail ont intensifié ce phénomène. Cela a poussé de nombreux salariés à réévaluer leur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Les raisons du quiet quitting
Le quiet quitting peut être attribué à plusieurs facteurs, parmi lesquels :
Manque de reconnaissance au travail : Les salariés ne se sentent pas valorisés pour leurs efforts.
Surcharge de travail : Une accumulation de tâches non compensée par une reconnaissance ou des avantages supplémentaires.
Mauvaise qualité du management : Un encadrement peu à l’écoute peut accentuer le désengagement.
Protection de la santé mentale : Ne plus s’investir à 100 % permet d’éviter le burnout et de préserver un équilibre personnel.
Quiet quitting et démission silencieuse : quelles différences ?
Le quiet quitting est souvent confondu avec la “démission silencieuse”. Toutefois, il convient de distinguer ces deux notions :
Démission silencieuse : Désengagement progressif, souvent suivi d’un départ physique de l’entreprise.
Quiet quitting : Désengagement mental et émotionnel, sans quitter physiquement son poste, mais en ajustant l’effort fourni.
Pourquoi le quiet quitting gagne-t-il du terrain ?
Le quiet quitting s’impose de plus en plus dans le paysage professionnel, et plusieurs facteurs expliquent cette tendance croissante. Selon une étude menée par Gallup, 59 % des employés dans le monde sont des “quiet quitters”, c’est-à-dire des salariés qui ne sont plus pleinement engagés dans leur travail (Gallup, 2023).
En France, les données récentes montrent qu’au 2e trimestre 2024, on comptait 459 900 démissions de CDI, soit une baisse de 4,2 % par rapport au trimestre précédent (Dares, 2024). Bien que les démissions aient légèrement diminué, ce chiffre reste élevé, illustrant une tendance persistante au désengagement des salariés.
Un désengagement lié à la pandémie
La pandémie de Covid-19 a joué un rôle crucial dans l’émergence du quiet quitting. Elle a conduit de nombreux employés à reconsidérer leur rapport au travail et à rechercher un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Télétravail massif : La généralisation du travail à distance a permis aux salariés de réévaluer leur rythme de travail.
Recherche de sens : La pandémie a renforcé le besoin de trouver du sens dans son travail.
Priorité à la santé mentale : Les employés sont plus soucieux de leur bien-être et évitent de s’épuiser dans des tâches qui ne leur apportent pas de satisfaction personnelle.
Un marché du travail en faveur des salariés
Les tendances économiques actuelles, avec une forte demande de talents dans certains secteurs, donnent aux salariés plus de pouvoir pour définir leurs conditions de travail.
Taux de démission en France : En 2024, bien que le nombre de démissions ait légèrement baissé, il reste significatif, indiquant une forme de désengagement plus nuancé mais toujours présent.
Pouvoir de négociation accru : Les employés savent qu’ils peuvent se permettre de moins s’investir sans risque immédiat de perdre leur emploi, car le marché du travail reste favorable.
Une réponse à la surcharge de travail
Les salariés se retrouvent souvent confrontés à une surcharge de travail et un manque de reconnaissance, ce qui les pousse à adopter le quiet quitting pour se protéger.
Manque de reconnaissance : L’absence de retours positifs ou de récompenses pousse les salariés à faire seulement ce qui est attendu.
Surmenage : Le quiet quitting devient une stratégie pour éviter l’épuisement professionnel dans des environnements de travail exigeants.
Comment les entreprises peuvent-elles répondre au quiet quitting ?
Face à la montée du quiet quitting, les entreprises doivent adapter leurs stratégies pour réengager leurs salariés et éviter une perte de productivité. Plusieurs leviers peuvent être actionnés pour inverser la tendance et renforcer l’engagement des employés.
Promouvoir un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle
L’une des principales raisons du quiet quitting est la recherche d’un meilleur équilibre entre le travail et la vie privée. Les entreprises qui facilitent cet équilibre constatent une augmentation de l’engagement de leurs collaborateurs. Voici quelques actions possibles :
Encourager le télétravail flexible : Permettre aux employés de travailler à distance, tout en leur offrant une flexibilité d’horaires, peut réduire le stress et améliorer leur satisfaction.
Mettre en place des politiques de bien-être : Proposer des programmes de bien-être, comme des séances de relaxation, du soutien psychologique ou des activités physiques, favorise un environnement sain.
Améliorer la reconnaissance et les perspectives d’évolution
Un autre facteur clé du quiet quitting est le manque de reconnaissance et d’opportunités de développement au sein de l’entreprise. Pour contrer ce désengagement, il est important de mettre en place des politiques qui valorisent les efforts des employés.
Mettre en place un système de reconnaissance : Récompenser régulièrement les performances individuelles et collectives par des primes, des promotions ou des avantages spécifiques.
Proposer des plans de développement de carrière : Offrir des formations continues et des perspectives d’évolution interne permet de donner un sens aux efforts fournis par les employés.
Repenser le management
Le rôle du manager est central pour prévenir le quiet quitting. Un bon management permet de garder les équipes motivées et engagées dans leurs missions.
Encourager un management bienveillant : Les managers doivent adopter une attitude proactive et bienveillante en écoutant les besoins des employés et en s’assurant de leur bien-être.
Favoriser la transparence et la communication : Un dialogue ouvert entre managers et employés sur les attentes, les objectifs et les résultats renforce la confiance et l’implication des équipes.
Créer une culture d’entreprise forte et inclusive
Une culture d’entreprise positive, qui favorise l’inclusion et la collaboration, est un facteur essentiel pour contrer le désengagement.
Encourager la collaboration et l’esprit d’équipe : Organiser des événements de team building, créer des espaces de partage et d’échanges permet de renforcer le sentiment d’appartenance.
Promouvoir la diversité et l’inclusion : Veiller à ce que chaque employé se sente valorisé, quel que soit son origine ou son poste, contribue à un environnement de travail plus inclusif et motivant.
Mesurer et adapter les stratégies RH
Enfin, il est important de mesurer régulièrement le niveau d’engagement des employés et d’adapter les stratégies RH en conséquence.
Utiliser des enquêtes de satisfaction : Recueillir régulièrement le feedback des salariés via des enquêtes anonymes permet de détecter les signaux faibles de désengagement et une dégradation de l’expérience collaborateur.
Mettre en place des indicateurs de performance RH : Suivre des KPIs comme le taux de turnover, l’absentéisme, ou le taux de satisfaction des employés permet d’ajuster les politiques RH.
En conclusion,
Le quiet quitting témoigne d’un besoin urgent de repenser le rôle du travail dans la vie des salariés.
Pour les entreprises, il est temps d’adopter des approches centrées sur le bien-être et la reconnaissance, afin de réengager les collaborateurs.
Cependant, ce phénomène n’est que l’une des nombreuses formes de désengagement qui émergent. Des pratiques comme le quiet firing, où les entreprises incitent discrètement les employés à partir, ou encore le “resenteeism”, où les salariés restent dans leur poste mais nourrissent un profond ressentiment, soulignent l’importance d’un management attentif et de nouvelles solutions pour maintenir la motivation à long terme.
Face à ces défis, l’évolution du monde du travail ne fait que commencer, et seules les entreprises agiles pourront tirer leur épingle du jeu…